Les Dragons de Saphir
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 Chroniques des anges (entier)

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Lenia
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Lenia


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Chroniques des anges (entier) Vide
MessageSujet: Chroniques des anges (entier)   Chroniques des anges (entier) Icon_minitimeSam 5 Déc 2009 - 1:32

Les chroniques des anges

Je m'appelais Claire Jary. J'étais une jeune fille de 16 ans. Pourquoi utiliser l'imparfais alors que je vis encore ? Parce que ma vie a changé en l'espace d'un instant. Je ne suis plus humaine au sens propre du terme. C'est compliqué à expliquer. Bon, je vais essayer de résumer...

Il y a peu encore, j'étais lycéenne, en Première Littéraire, ce dont j'étais assez fière. J'avais des notes correctes, et une bonne conduite en classe. Pas l'élève modèle, mais l'élève moyen. Je travaillais dur pour mon passage en Terminale et pour mon BAC. Ah ! J'oubliais le plus important : je vis sur Asalta, une planète proche à celle que vous nommeriez la Terre. Sauf que nous, les Asaltiens, avons une technologie plus avancée que la vôtre : plus de sacs, mais des ordinateurs portables contenant tous nos cours, nos livres, et nous permettant un accès illimité sur « la toile » ou votre Internet. Nos transports avaient acquis un moyens pour respecter la nature, et une nouvelle énergie avait été découverte : l'énergie du vide. Oui, même le vide a de l'énergie, et par x ou y moyen, ils arrivent à la canaliser et à l'utiliser. Je ne saurais vous expliquer comment, car je m'intéresse davantage aux légendes de notre planète. Particulièrement celles concernant les anges et les démons, car c'étaient les seules qui m'avaient l'air d'avoir un sens, et une raison d'être. J'allais souvent par le biais de mon ordinateur, sur la bibliothèque mondiale, consulter les documents y faisant allusion, et les enregistrai chez moi, pour les relire à loisir. Les anges, créatures fabuleuses à l'apparence humaine, aux pouvoirs surnaturels, envoyés des dieux pour amener la justice et la paix si celles si étaient menacées. Il y avait de nombreux témoignages là dessus, pas mal de personnes affirmaient en avoir vu. Et j'avais suffisamment de preuves pour les croire. Par exemple : un vieil homme de Riscu, notre ville, avait une maladie incurable au dire des médecins, pourtant assez avancés dans le domaine médical. Cet homme a affirmé avoir vu un ange lui apparaître, le toucher de sa blanche main, et lui enlevé la maladie. Les médecins l'ont pris comme fou, mais ont reconnus que sa maladie avait mystérieusement disparue. Cet homme est devenu un CNE, ou Cas Non Expliqué. Ils y en des centaines comme cela. Il y avait les démons aussi, leurs opposés, dispersant malheur, malédiction et chaos sur leur passage. D'eux, je n'ai que quelques documents peu précis, datant du Moyen Age, c'est dire très vieux. Mais suffisamment clairs pour que je crois en leur existence. Ce qui allait m'arriver par la suite m'en donnera la confirmation...

Alors que je me baladais dans les immenses espaces verts des périphéries, par un temps radieux en compagnie de mes deux meilleures amies, Nadia et Marine, qui débattaient de leur avenir. Nadia est en Économique et Social, et Marine en section Scientifique, toutes deux en Première également. Je ne prêtait guère attention à la conversation, plongée dans mes pensées. Elles me questionnèrent à un moment :

Et toi, Claire ? Que voudrait tu faire plus tard ?
Moi ?
Oui. Qui d'autre ?
Et bien...je ne sais pas vraiment. Peut être journaliste, critique, écrivain ou...travailler sur les légendes...
C'est vague, ton idée. Tu as intérêt à te dépêcher de te fixer, me signalait Marine. Moi je sais : je voudrait travailler pour la recherche sur les énergies.
Moi, je voudrais étudier dans le droit et faire avocate, avouait Nadia.
J'ai encore le temps pour réfléchir, protestai-je. J'ai encore un an.

Elles rirent de ma réponse, mais sans méchanceté. Puis je m'arrêtais, voyant un attroupement au loin. Surprise, j'écoutais les conversations des alentours :

Y a un type bizarre blessé pas loin.
Ouais, vous avez vu ses fringues bizarre ? On dirait qu'il vient de l'antiquité.
Je vis une mère dire à ses enfants :
Ne l'approchez pas. Il ne m'inspire pas confiance.

Nadia me glissait :

Fichons le camps d'ici. Je n'aime pas l'impression que cela me donne.
Je suis d'accord avec Nadia, appuyait Marine, voyant que je ne bougeais pas. On va avoir des ennuis sinon. Et c'est presque l'heure de revenir en cours. On va être en retard.
Je ne laisserais pas quelqu'un qui a besoin d'aide tout seul. Allez y, je vous rattraperai.
T'es pas folle ! Arrête ! Criait Marine, attrapant mon bras pour me retenir.

Mais je me dégageais, et en jouant du coude, me frayais un chemin vers le début de la foule. En jetant un oeil derrière moi, je vis Nadia faire non de la tête à Marine, qui voulait me rattraper. A grand peine, j'arrivais à destination. Je vis un être au loin, aux vêtements étranges, qui me tournait le dos. Des personnes crièrent des protestations tandis que je m'approchais de l'inconnu. A sa hauteur, je m'accroupis et demandait avec douceur :

Est ce que vous allez bien ? Que se passe t'il ?

L'inconnu tourna sa tête vers moi, et je vis qu'il s'agissait d'une femme avec un beau visage. Elle semblait méfiante et apeurée. Elle ne me répondit pas. Je remarquai que du sang coulait dans son dos. Je prononça avec la même voix douce :

Vous êtes blessée. Vous devez venir avec moi à l'hôpital.

J'entendis alors sa voix affaiblie prononcer :

Non...mes blessures guériront toutes seules. Je ne dois pas...laisser ce démon partir...
Un démon ? Il n'y en pas ici. Je peux vous l'assurer.
Mais je l'ai vu arriver dans ce monde...j'avais pour ordre de...

Puis elle se tut, et me regardait fixement de ses yeux limpides :

Pourquoi devrai je dire des choses pareilles à une humaine comme vous ? Les humains ne sont que des couards...

Je restais interdite quelques secondes. Elle avait bien dit...humain? Ce qui voudrai dire que...je reprit d'une voix coupée par la surprise :

Vous voulez dire...que vous n'êtes pas humaine ? Et si vous poursuivez les démons...c'est que vous devez être un ange !
Vous en savez déjà trop. Je vais modifier votre mémoire. Vous n'aurez plus de souvenir de notre rencontre.

Elle tendit sa main sur mon front. Je ne pouvais plus bouger, mystérieusement. Elle me demanda brusquement :

Quel est votre nom ?
Jary Claire...mais appelez moi Claire. Mais...

La main de l'ange brillait d'une lueur blanche aveuglante. Je n'eu le temps que d'ajouter :

Vous vous trompez...sur le compte...des humains. Ils ne sont...pas tous...comme cela...

Je m'évanouis. Quand je me réveilla, je remarquai que j'étais au lycée, à ma place, au premier rang, du côté de la fenêtre. Le professeur me questionnait :

Que viens-je de dire, Claire ?
Heu...je ne sais pas...
Qu'un agrosystème est un écosystème dérèglé. Tu devrais suivre, Claire...

J'avais une migraine terrible, je ne me rappellai plus rien entre la promenade au parc et ce cours. Mr Poti le remarqua :

Vous n'avez pas l'air bien, Claire. Vous êtes malade ?
Mr, je peux aller à l'infirmerie ? Je ne me sens pas bien.
Allez y, je préfère ca que de vous voir avachie en cours.
Merçi monsieur.

Je sortie, et alla directement à l'infirmerie. Puis, je ne sais pas pourquoi, je me sentai observée. Je m'arrêtais, regardai autour de moi et, ne voyant personne, continua mon chemin. L'infirmière, voyant que j'avais une grande fièvre, me donnai un doliprane et me donnai la permission de rentrer chez moi. A un croisement, je vis une personne en face de moi, qui me regardait. Une personne avec des ailes...n'y croyant pas, je clignai des yeux pour m'éclaircir la vue, mais la personne avait disparue...je pensa alors que c'était un effet de mon imagination. Une fois chez moi, ma mère s'étonnait de mon retour de bonne heure :

Claire ? C'est toi ? Ne devrai tu pas être en cours ?
Si, mais je ne me sentai pas bien, l'infirmière m'a demandé de me reposer.

Ma mère apparut, un minuteur à la main. C'était une femme de la quarantaine, d'un mètre soixante-cinq environ, très mince, s'habillant en noir, rouge ou kaki, à la peau légèrement mate, aux yeux bleus et aux cheveux bruns au carré. Inquiète, elle posait sa main sur mon front et s'exclama :

Tu as une sacrès fièvre ! Va te coucher, je me demande si tu ne me couve pas quelque chose, toi...J'appellerai le médecin si ca ne va pas mieux demain.
D'accord, m'man...

J'étais trop épuisée pour protester, de toute façon. Je montai dans ma chambre, me mis en pyjama, et me reposai dans mon lit, toute lumière éteinte, ne me levant que pour diner ou prendre ma douche. Alors que je me rendormais, je vis une silhouette éblouissante à mon chevet. Une voix douce et suave me parlait. Puis elle disparue. Pensant à un délire de ma fièvre, je n'en pris pas beaucoup compte, et m'endormis sans m'inquièter... j'eu des rêves étranges, peuplés de sirènes et d 'autres créatures mythiques. Puis elles disparurent, comme hapées par les ténèbres. Une voix dure et caverneuse riait aux éclats, une main immense se rapprochait de moi, me saisit et...mon réveil sonnait. Je me réveillais de suite, secouée par le cauchemard, et m'habillais en silence. Je me sentais mieux, la fièvre s'était volatilisée. Ce qui rassura ma mère alors que je déjeunais :

Bien, c'est une bonne chose. Mais pourquoi as tu mis ton réveil ? On est Samedi.
Mince ! J'avais oubliée ! Je me croyais vendredi...ba tant pis, je vais sortir en ville.
Sortie entre copines, ou avec le beau Christian ?
M'man, arrête avec çà, s'il te plait. Ce n'est que mon meilleur ami, c'est tout.
D'accord...alors ? Que vas tu faire ?
J'avais promis d'accompagner Marine et Nadia aux grands magasins. La mode, c'est pas mon truc, mais ca les vexerait si je ne venais pas...
Va alors. Tu vas être en retard.
Merçi pour le thé, maman !

Je pris ma veste, glissai mes papiers dedans, et sortit mon scooter automatique. Ma mère me tendis un paquet au passage :

Ton déjeuner. Je pense que tu vas y rester toute la journée. Me trompe-je ?
Pas du tout ! Merçi m'man. Mais...il est lourd, tu as mis quoi dedans ?
Ah oui ! Il y en a aussi pour Marine et Nadia. Elles sont tellement têtes en l'air qu'elles peuvent oublier...
Oui...m'man, si tu veux...
Bonne journée, ma puce !
A ce soir maman !

Je démarrai, et pris le boulevard principal, histoire de gagner du temps. Le trou de mémoire d'hier m'énervais au plus haut point. Qu'avait il pu se passer ? Je ne savais pas. Peut être que Nadia et Marine en sauront quelque chose... Au parking du centre commercial, je les vis me faire de grands signes de main. Je me garais non loin, plaçais l'anti-vol, et, après les scéances de bonjours, je leur demandais:

Que s'est t'il passé hier entre le parc et le cours ?
Ba rien... pourquoi cette question ? Demandait Nadia,
On est rentrées juste à temps, comme d'habitude. Tu a l'air bizarre, ajoutait Marine
Oh...pour rien les filles. Pour rien...

Pourquoi il n'y avait que moi qui se doutait que quelque chose de surnaturel était arrivé. C'était un pressentiment, même si je ne me souvenais de rien. Comme les autres...deux heures après, j'étais assise sur un siège d'un magasin de mode, répondant à une Nadia surexcitée :

Ca me va ?
Oui...oui...
Et ca ?
Bien sur...

Heureuse, elle prit ses affaires, et allait vers la caisse. Marine nous rejoignit, également avec des affaires sous les bras. Je ne put m'empêcher de leur lâcher :

Vous ruiner pour des affaires qui dans un mois seront jugée "old-fashioned"...
Mais qui sont pour le moment tendance ! C'est ca le plus important !
C'est vrai ! A nous après les jolis garçons...

Désespérée par leur attitude, je fis la moue. Elles en rièrent. Je les attendis à l'entrée du magasin, haissant la foule. Quelqu'un me saisit par l'épaule :

Quelle bonne surprise ! Claire ! Comment va tu ?

Je me retournai et vis Christian, surnommé Chris. C'était un grand dadais qui approchait le mètre quatre-ving dix, fin mais musclé, à la peau mate, et aux yeux verts-noisettes selon la lumière, avec des cheveux noirs de jais. J'en étais un peu amoureuse, mais ne faisais rien voir, de peur de gâcher notre amitié. Je répondis :

Salut Chris ! Ca va bien. J'attends Nadia et Marine...
Encore dans leur vêtements de mode j'imagine, riait Chris. Ca ne t'interresse pas toi ?
Pas le moins du monde. Le maquillege non plus. Il n'y a que certains parfums, à la limite...
C'est à se demander si tu es vraiment une fille...
Quoi ? Tu en doute ?
Mais non...tu sais bien que je te taquine...
Ouf ça me rassure ! De ta part...

Une explosion retentit brusquement, et je vis le magasin en flamme. Je sentis des bras me tenir, et compris que Chris m'avait protégée. Je me dégageait et courut vers le magasin en criant :

Nadia ! Marine ! Nooon !
Claire non ! Reste...

Je ne l'entendis pas, et rentrai à travers la porte défonçée. La chaleur était étouffante, et je mis mon écharpe sur mon nez, pour ne pas étouffer. Je repérai les corps inertes de mes amies, et les trainait en dehors du piège difficilement. Chris les éloignait, et me récupérait suffocante, avec des vêtements aux extrémités calcinées, le visage plein de suie :

Tu es folle ! Tu aurais pu y rester...
Je... je ne pouvais pas partir sans elles... Mais...

Un cercle de flammes nous entoura, et je compris que ce n'était pas l'oeuvre de la nature elle-même.C'était surnaturel. C'était dû à quelque chose. Un rire caverneux, le même que celui de mon rêve, retentit, plein de menaces :

Vous serez mes prochaines victimes, humains !
Qui êtes vous donc ! Demandait Mathias, rassemblant son courage. Quel homme...
Je ne suis pas un humain. Je suis bien supérieur à cela !
Un démon...mumurai-je
Pardon ? Répète un peu ca...
C'est un démon. J'en suis certaine. Que fais tu ici démon ?
Cela ne te regarde pas, humaine. Tu t'apelle Claire, c'est ca ?
Comment...comment le savez vous ?

Chris était aussi hébété que moi. Le démon répondit :

Tu l'a dis à Kiisary.

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas. Le démon riait de mon incompréhension :

Oh, c'est vrai...j'avais oublié qu'elle t'avait effacé la mémoire... L'ange d'hier. Celle qui me traquait.

Mes souvenirs revenaient brusquement, se déversant avec brutalité dans ma tête. Mais bien sûr...c'était elle...c'était ca qui n'était pas normal. Je comprends mieux à présent la raison de cette migraine. Mais pourquoi m'avait-elle effacé la mémoire ? Je ne savais pas... Je reprit d'une voix que j'essayais de rester calme :

Je ne vous ai pas vu pourtant...
C'est normal. Nous autres, nous pouvons nous rendre invisibles et transparents, comme l'air. Les anges ont aussi cette capacité. Mais Kiisary a perdu le contrôle de cette faculté quand je l'ai blessée. C'est pourquoi tu l'a vu, jeune humaine. Mais suffit les explications, place à l'action...
Laisse la tranquille! Criait Chris, en se mettant devant moi. Je t'interdis de la toucher !

Le démon l'immobilisa avec je ne sais quoi. Chris était paralysé.

Du courage, mais du courage futile en l'occurence. Non, c'est elle que je veux d'abord. D'abbord, vois moi, humaine. Ce sera la dernière chose que tu saura avant de mourir.

Mon sang se glaçait à cette annonce, mais je restai ferme. Et je le vis. C'était un croisement entre une chauve-souris, un homme et un taureau si je puis le dire. C'est un peu vulgaire comme images, mais c'était cela, en pire bien sur. Il faisait au moins 3 m de haut. Là j'avais peur. Je vis dans ces mains griffues grandir une sphère de flammes noires, et je compris que j'allais finir grillée comme les saucisses sur un barbecue. J'étais si terrifiée que je ne bougeais pas. Chris hurlait dans le vent. Je n'entendais plus rien, je ne voyais que ma peine de mort grandir de seconde en seconde. Le démon la lâchait. Je la vis fonçer vers moi, les yeux agrandis par la peur. Je voyais la mort en face. Je ne voulais pas mourir. Non...pas maintenant...j'étais trop jeune encore...je n'avais pas pu profiter de la vie...Je blêmit en sentant le souffle chaud de la sphère non loin. Mon coeur battait si fort que je l'entendais presque. Mes membres tremblaient à l'idée du châtiment qui m'attendais. Mon crime ? Avoir été au mauvais endroit au mauvais moment...Quand elle m'attint, je sentis le brûlure, et hurlais. J'avais mal...si mal...je sentais la vie filer à travers mon corps. Je sentais mes sens basculer, je n'entendais plus, je ne sentais plus, sinon la douleur qui me tuait. J'entendis un bref moment, le démon qui riait, la foule qui criait de terreur...et puis un chant. Un chant magnifique. Une voix de soprano presque cristalline. Le feu ne me brûlait plus. Je pensais que c'était fini. Je me voyais dans un tunnel obscur, avec une lumière au bout. J'avançais résolument vers elle, acceptant ma mort. Mais, alors que j'allais la franchir, elle s'éteignit brusquement. Je ne comprenais pas. J'ouvrai difficilement les yeux: tout était vide, tout était blanc autour de moi. Je murmurai :

Serai-ce cela le paradis...? Bien vide par rapport à ce que j'en ai entendu...
Tu es bien loin du paradis, me répliquait une voix ferme et rassurante à la fois.
Où suis je alors ?
Loin de ta planète. Dans une dimension parallèle...
Est ce vous...
Tutoie moi, s'il te plait. Oui, je suis celle qui vient de te sauver.
Me sauver ? Mais j'ai vu la mort...
J'ai failli te perdre, mais j'ai réussit à t'en arracher de peu.
Qui...

Je me tournais vers la voix. Je vis une personne à mes côtés. Le visage flou, mais blanc comme neige au soleil. Je sentis que ma tête reposait sur les genoux de cette personne. Elle me tenait. Elle reprit doucement :

Comme cette ordure l'a dit, je suis Kiisary, troisième membre du Grand Conseil, repésentatrice de la Lumière. Je suis aux ordre du Maitre, et j'ai désobéit quand je t'ai sauvé. C'est contre nos principes.
Alors...je ne comprends pas pourquoi...
Ta bonté et ton innocence entre-autre. Je détaillerai plus tard. Pour l'instant, je vais renvoyer ton âme à ton corps. Nous nous reverrons, jeune Claire. J'aurai une proposition à te faire...
Où suis-je ? Enfin...physiquement parlant...
Tu es dans ce que tu appelle hôpital, dans cet état stationnaire que les tiens appellent "comas" je crois. A bientôt, jeune fille.
Non...ne...
Elle partit. Je sentis un grand choc survenir, puis perdis connaissance. On peut m'expliquer là ?
J'entendis une tornade. de tintements de machines autour moi. Puis des voix humains. On criait, on donnait des ordre. Quel nuisance sonore...ils peuvent pas faire silence... Puis j'ouvrai tranquillement les yeux, devinant des visages autour de moi, flous. Je clignai une premire fois des yeux : je remarquai des médecins. Je les clignai une seconde fois, et vis ma mère blanche de peur. Je murmurais :

Maman...

Son visage reprit des couleurs, et je vis un grand sourire fleurir sur ses lèvres. Elle bondit et me serrait dans ses bras vigoureusement :

Chérie ! Tu m'as fait si peur...quand j'ai appris l'explosion du magasin...j'étais si inquiète pour toi...
Ca va aller, maman. C'est fini. Je suis là.

Elle me dégageait de son étreinte, et me repoussait une mèche de cheveux de mon visage :

Tu as bien failli y passer. Tout le monde te pensait morte ici. Tu as été dans le coma depuis deux jours.
Deux jours ! Mais il ne me semblait que ce n'était que quelques heures auparavant ! Et puis j'ai vu cette lumière, et une femme...
Tu a vécu une EMI...c'est incroyable...
Une quoi ?
Une Expérience de Mort Imminente. Tu as dû délirer. Tu nous as fait peur quand ton coeur s'est arrêté plusieurs minutes durant. Je pensai que j'y avais laissé le seul membre de la famille qu'il me reste...et de loin le plus précieux...

Un médecin prit doucement ma mère à l'épaule, et la pria de quitter la salle. Cette dernière m'embrassait une dernière fois, puis partait. J'aurai voulu qu'elle rester...je me sentais en terre inconnue. Et menaçante. Un docteur vint à ma rencontre, prit une chaise, et s'assit à mes côtés :

Tu t'appelle bien Claire, c'est cela ?
Oui, monsieur...?
Je suis le docteur Chase. Dimitri Chase. Tu es vraiment un cas unique. Tu étais dans un état déplorable quand nous t'avons reçu en cet établissement. Des brûlures au troisième degré, un souffle difficile, une importante hémoragie...Je n'étais pas sûr de pouvoir de garder en vie. Puis, quelque chose d'inexplicable t'es arrivé...
Quoi donc, docteur ?
Ton corps s'est mis à...se régénérer tout seul. Tes blessures et brûlures se sont guéries d'elles-mêmes. Et quand l'on t'a fait une prise de sang pour essayer d'y voir clair...

Il tirait de sa poche une minusucule seringue, dans laquelle reposait un liquide...bleu. Bleu nuit. Je blêmis, et repris d'une voix faussement calme :

Vous me faites marcher, là ? C'est pas mon sang, ca. Dites moi que c'est une blague.
J'aimerais bien, mais je ne peux pas. Non, c'est ton sang. D'après mes connaissances, quelque chose a modifié ton information génétique, ce qui a eu impact sur ton sang. Mais ne t'inquiète pas. Ils n'en savent rien. Mais tu dois me promettre deux choses.
Lesquelles ?
Primo : tu sera prudente désormais. Secundo...donne moi de tes nouvelles de temps en temps. Voiçi ma carte.

Il la glissait dans une poche de ma veste, soigneusement apportée par ma mère. Il continuait :

Je vais faire en sorte que tu puisse sortir aujourd'hui même...

Quelques heures plus tard, il y parvint. Quand je sortai, il me glissa :

Au fait : appelle moi Dimitri, désormais.

Etrange personnage...je pris le bus, et rentrai chez moi. Maman n'était pas encore revenue. Normal, on était en semaine, elle avait du retourner travailler. Je me sentais dans une grande forme, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Jamais je ne m'étais sentie aussi bien. C'était étrange. Je m'allongeais sur mon lit, observant la fenètre qui le surplombait, avec un ciel radieux et des oiseaux qui chantaient. J'aurais pu rester longtemps ainsi quand une voix me parla :

Alors ? Tu es d'aplomb ?
Qui...Kiisary ? Demandai-je d'une voix timide. Est ce..toi ?
Qui d'autre ? Répliquai t'elle, avant de se montrer à ma vue.

Je l'observai avec plus d'attention : elle avait des cheveux blond clair; dont certaines mèches étaient ramenées en deux tresses horizontales réunies à l'arrière, renforçant la beauté naturelle de son visage. Ses yeux étaient d'un bleu si pâle qu'on le croierait translucide. Un diadème blanc strié d'or et fin ornait son front d'un éclat unique. Une tunique blanche simple constituait son habit, laissant ses bras nus, on peinait à croire qu'il s'agissait d'une vraie guerrière. Je restai bouche-bée de sa divine beauté, de cet être que je savais infiniment supérieur à moi. Elle s'en amusa :

Tu n'as jamais vu d'anges au cours de ta vie ?
Pas vraiment. Ils sont rares à venir ici.
Vôtre monde et le notre sont distants l'un de l'autre. Il en existe d'autres aussi.
Il y en a beaucoup ?
Plus que tu ne pourrais jamais l'imaginer...
Tu les as tous vu ?
La plupart. Mais c'est la première fois que je venais en ce monde, et votre civilisation est unique parmi les milliers que j'ai pu observer. Et puis toi...

Elle tendis une de ses main fine vers mon visage, et me relevai la tête à la hauteur de son regard :

Toi...tu n'est pas comme tes semblables. Il y a une énergie puissante qui sommeille en toi, mais tu ne t'en doutes pas...
Qu'en sais tu ?
Les anges ont cette capacité que de lire dans les esprits de ceux qui les entourent, jusqu'aux tréphonds de la personne, son identité la plus profonde et la plus secrète...C'est une des raisons pour lesquelles je t'ai surveillé suite à notre rencontre...
Je me disais bien que j'étais observée...
J'ai rencontré quelqu'un qui avait le même regard que toi. Un homme d'un certain âge, qui devait être dans ses quarantes années de vie humaine. Il accompagnait le conseiller principal de notre Maitre, et semblé être son complice.
Comment se nommait-il ? T'en souviens tu ?
Est-ce si important pour toi de le savoir ?
Je t'en prie ! Il se pourrait que le connaisse !
Son nom était Yvan Jary, je crois...
Je blêmis. A son regard interrogateur je répondis :
Il se pourrait...non. Aucun doute. C'est mon père.
Ton père ? Comment peut tu affirmer une chose pareille ?
Mon père a disparu il y a 11 ans environ. Je ne sais pas grand chose de lui. Mais je sais qu'il s'appellait Yvan. Et comme mon nom est Jary...

Elle m'avertit d'une voix ferme :

Ne t'emballe pas trop vite ! Il n'existe pas qu'un seul Yvan Jary dans ton monde. Puis il se peut que j'ai mal entendu ou prononçé le nom. Je ne maîtrise pas encore très bien votre langage.
Tu n'as aucun accent pourtant. Tu te débrouilles bien, crois moi.
Réellement ? Tu m'en vois ravie...

J'entendis la porte s'ouvrir en bas : ma mère... Kiisary me rassurait :

Je reviendrais ce soir. J'ai quelques affaires à régler. En attendant, ne tente rien de risqué en mon absence. Compris ?
D'accord. Je serais sage.

Elle disparut avec un mince sourire aux lèvres. Je la connaissais à peine que je me sentais déjà très proche d'elle. Nous étions très différentes, mais curieuses de se découvrir l'une et l'autre. Je faisais mes devoirs du lendemain rapidement, reçu les cours en retard, les appris, fis le ménage dans ma chambre...tout ceci me prit toute la fin d'après-midi. Je finissai de préparer mes vêtements quand ma mère m'appellait :

Claire ! A table ! Tu es servie !
J'arrive tout de suite, M'man !

Je posai mon tas de vêtements sur un coin de mon lit, et dévalais l'escalier de bois génétiquement modifié en direction de la cuisine. Une odeur délicieuse sortait de mon assiette, ce qui m'ouvrait l'appétit. Je m'assis tranquilement sur la chaise. Ma mère s'assit en face en commentant :

Tu arrives juste à temps ! J'avais peur que ca refroidisse trop vite !
Tu n'as pas les plats qui conservent la chaleur autant que l'on veut ? Ca te faciliterait la vie...
On ne roule pas sur l'or, ma belle. Déjà que tes études sont assez chères...et puis j'aime les anciens objets et ustensiles. On ne va pas se laisser envahir par la supra-technologie quand même ?

Je me retint de rire, pour ne pas cracher la soupe délicieuse que je dégustais. Je savais qu'on était déjà dépendants de la technologie. J'eu un repas agréable avec ma mère. A la fin de celui çi, elle me déclara :

Tu reprends les cours, demain. Ne te couches pas trop tard.
D'acc, maman.
Fais attention si je vois ta lumière allumée...
Oui maman...t'inquiètes pas. Je ne trainerais pas.
Mais oui...j'en suis sûre... soupirait ma mère avec un sourire amusé. Comme toujours, tu ne te coucheras qu' une heure àprès que je te l'ai demandé...
Je ferais un effort, promis.
Je te fais confiance. Bonne nuit, chérie.
Bonne nuit m'man.

Nous nous embrassâmes, puis je montais dans ma chambre, prenais ma douche, mettais mon pyjama, puis attrapai mon ordinateur, ouvrant un exposé à finir de la semaine prochaine, histoire de l'avancer. J'en étais à la troisième partie quand la voix douce de Kiisary apparut :

Ne devais tu pas te coucher tôt ce soir ?

Je jetais un regard dans sa direction, puis répondit tout en tapant le texte :

Je m'avance. J'en ai pour deux minutes, même pas.
Très bien je surveille. Il te reste exactement une minute cinquante-cinq secondes et quatre-vingt dix-neuf centièmes avant que je ne te force à aller au lit.
Ouh là ! J'ai intéret à activer le pas, moi !

Je tapais à toute vitesse, et parvint finalement à finir mon texte. J'éteignais mon ordinateur, le rangeait dans sa sacoche, puis me glissait sous les couvertures chaudes de mon lit. Voyant Kiisary assise sur un coin de mon lit, je lui demanda :

Vous ne dormez jamais, vous, les anges ?
C'est inutile. Nous préfèrons une transe de repos qui ne dure que quelques heures.
Toi et les tiens êtes...impressionnants.

Elle apprécia le compliment, avant de me renvoyer :

Les humains sont des créatures pleines de richesse, elles aussi. Beaucoup d'érudits étudient leur cas. Ils sont notre lien entre les animaux et nous. Un des chaînons de notre évolution.
Vu de cet angle...
Tu es encore très jeune pour comprendre l'entière signification de la raison de votre existence. Mais...

Je me tu, attendant respectueusement qu'elle poursuive. Ce qu'elle fit rapidement :

Mais tu es un peu plus futée et un peu plus interressante que les autres. Tu promet beaucoup. Je désire te protéger de la stupidité qu'acquièrent les tiens au fil du temps. Même si tu n'es qu'une humaine, une créature de chair mortelle, très limitée dans ses capacités...

Je fus blessée par ses remarques, mais n'en disai rien.Toutefois, Kiisary remarquait ma réaction, et d'un sourire plein de douceur et de compassion, elle m'expliquait :

Ne crois pas que je méprise ton espèce ou toi, je ne fais que constater. J'ai une grande estime de toi, sinon je n'aurai pas veillé sur toi tout ce temps. Je souhaite vraiment te tirer de cette masse de brutes. Tu possède des qualités que peu ont : la bonté, le respect, la sagesse...même si tu ne t'en doutes pas encore. Je t'aiderai à les développer...

Son visage était encore plus beau, ainsi éclairé par la lueur pâle des rayons de lune traversant la fenêtre. Elle était pensive. Moi également. Certaines de ses révélations quelques peu brutales m'avaient secouée, mais je ne doutais pourtant pas de sa gentillesse. Je me consolai dans l'idée qu'elle avait des préjugés sur les humains, et qu'à force de les découvrir, elle changerait la perception qu'elle avait d'eux. Je me demandai pourquoi m'avait elle choisi parmi la multitude. Et puis ce que elle et moi allions devenir. Je me doutais que mes nouvelles capacités ne feraient pas long feu à être remarquées, et ne me feraient pas que des amis. Je me remis à observer Kiisary, et distingua dans l'obscurité ses ailes puissantes d'une blancheur écarlate. Tout en elle inspirait la confiance, la puissance et la sagesse. Je me doutais qu'elle pouvait être une adversaire terrible, et je préfèrais de loin la compter dans mes alliés. Sans faire exprès, je me coupais avec une feuille de papier trainant sur mon bureau. Je vis du sang bleu couler, mais j'avais placer mon autre main par dessous, pour ne pas tâcher les draps et me trahir auprès de ma mère. Mais je n'eu bientôt plus raison de m'inquièter : sous mes yeux, la blessure se refermait toute seule, ne laissant pas même une cicatrice. Etonnant pouvoir. Je posai la feuille sur ma table de chevet avec précaution, et m'enfonçais plus confortablement dans mon lit. Ce silence devenait pesant, gênant à force. Mais je ne savais pas de quoi parler. Heureusement, avant que je puisse ouvrir la bouche, Kiisary reprit la parole :

Il y a tant de choses que je dois t'apprendre... demain, dès que nous le pourrons, je t'en dirai un peu plus sur l'Histoire de la conférie des anges, et sur mon parcours. Il faudra aussi que je t'enseigne comment te battre un minimum, te donner le B-a-b-a en magie, et que je vois comment je peux combattre avec toi. Puis des milliers d'autres choses utiles pour le quotidien à venir...

Je ne répondais pas. J'avais mille-et-une interrogations en tête, qui me hantaient sans cesse. Kiisary le perçu, et me dit :

Parle. N'hésite pas à poser tes questions, je te mordrais pas pour autant.

Elle essayait de me faire sourire. Pour lui faire plaisir, je souris faiblement, puis posait les questions qui me taraudaient :

Dis moi : Que suis-je à présent ? Que vais-je devenir ? Qu'attends tu de moi ?
C'est vraiment ce que tu veux ?
Absolument. Quelle que soit ta réponse.
J'aime ta franchise. Je répondrai de même façon. Ce que tu es devenue, je ne saurais pas te le dire précisément, car moi-même j'ai plus agi sur instinct. Tu reste sur certains aspects humaine, mais sur d'autres...

Elle cherchait ses mots, avant de reprendre :

Tu ne l'es plus vraiment. Toi et moi sommes complémentaires à partir de maintenant. Indissociables. Certains anges ou démons, vois-tu, ont la capacité de tirer des âmes de créatures inférieures telles les elfes, les humains, ou les nains plus rarement, des armes à la puissance inégalée, si son possesseur est d'accord. Il n'existe pas beaucoup de personnes possédant ces armes au fond d'eux-mêmes. Mais les anges s'allient rarement avec d'autres créatures, comme ils sont très fiers de nature. Ce que je veux te dire, c'est que tu es une créature à part à présent. Je ne sais pas les conséquences qu'aura la magie que j'ai inséré en toi pour te sauver à l'avenir, mais elles ne pourront que t'être bénéfiques, dans tous les cas. Cela répond t'il à ta question ?
Un peu. Mais continue, je te prie.
Pour ton devenir, tu devra rester à mes côtés. Nos âmes sont liées par un pacte ancien qui ne peut être détruit. J'ai prononçé certains mots, que je ne te répèterai pas, pour cela. Nous devrons ramener ces démons en fuite dans leur monde, ou les tuer s'ils ne se rendent pas. J'aurai besoin de ton aide à ce but.
Pourquoi ?
Car ton âme peut m'être utile. Au début, tu ne pourras pas beaucoup m'assister sinon, mais avec de l'expérience, tu gardera conscience, et tu pourras attaquer et utiliser de la magie de soutien en arrière. C'est noté ? Je refuse de prendre le risque que tu sois blessée à l'avant. Pour l'instant, tu restera en retrait. Après...on verra...Je t'en dirai davantage plus tard. Mais pour l'instant...

Elle glissa sur mes côtés, se levait, et me ferma les yeux de ses mains fines, me forçant au sommeil :

- Dors. Tu en as besoin. Je te protègerais. Ta vie m'est trop précieuse pour que je la perde...amie.
Ce fut une nuit tranquille, sans cauchemards ni rêves particuliers. Une nuit normale. Quand mon réveil sonna, j'étais bien réveillée. Je levai les yeux vers la fenêtre : un ciel bleu radieux. Ma joie diminua quand je vis le thermomètre : -1 °C. Brr... j'enfilai un jean, un tee-shirt blanc et bleu, un pull-over bleu ciel. Puis je descendai dans la cuisine : la table était déjà mise, mais ma mère partie travailler. Je me fis chauffer du thé, me servit en céréales, en jus d'orange. Une matinée aussi normale aurait presque pu me faire croire que tout ce que j'avais vécu auparavant n'était que pure illusion. Mais je savais que tout était réel. J'en avais eu la preuve hier. Plongée dans mes pensées, je bu lentement ma tasse de thé, puis vis que j'allai encore être en retard. Je mis rapidement tout dans le lave-vaisselle, rangeai à toute vitesse, prit mon manteau, fermai la porte à clef de la maison, puis filai en scooter. J'arrivai devant les portes du lycée et regardai l'heure : huit heures quarante-cinq, soit un quart d'heure d'avance. Je garai mon scooter, mis l'anti vol, puis rejoignait mes amies surprises :

Incroyable ! Claire est à l'heure !
Tu es sure que tu vas bien ? Cela ne te ressemble pas, ajoutait Marine.
Vous inquiétez pas, je vais bien. Je ne peux pas aller mieux en faite.

La sonnerie annonçant le début des cours retentit, m'évitant des conversations délicates avec mes amies. Cours de Mathématiques. Super pour commencer la journée. On était sur la dérivation en ce moment, pas un de mes trucs préférés habituellement. Mais là je me sentais l'esprit plus clair qu'auparavant, et je comprenais davantage. Je participais de temps à autres, et mes réponses étaient bonnes, à la surprise générale. Les Maths étaient une des rares matières sur lesquelles je calais vraiment. Des mumures résonnaient autour de moi, ne me mettant pas à mon aise. Je laissai mon esprit m'égarer un moment, observant la rue à travers la fenêtre. Puis d'un coup, la sonnerie d'alerte au feu retentit brusquement, causant la panique générale. J'attrapai mon sac et mes affaires puis suivait les autres vers l'extérieur. J'avais une impression désagréable en moi, comme si une présence néfaste n'était pas loin. Je chassai cette idée puis entendait la voix légèrement inquiète de Kiisary :

Il y a un démon non loin, puissant. Je vais y aller. Reste ici, quoi qu'il arrive...
Mais...
Non, Claire. Il est trop puissant celui là. Tu m'aidera plus tard.
Tu avais pourtant dis...
J'ai dis que tu restai là, alors obéis moi. Compris ?
Pfft...d'accord.

Elle disparut aussi soudainement qu'elle était apparut. Je murmurais :

Mais quelle idiote...

Je levais les yeux vers l'aura maléfique que je ressentais, terriblement intense :

Elle va se faire tuer. Et cela...je le refuse. Je m'en fiches de ses ordres ! Et puis je ne reçois d'ordres de personne sinon de ma mère !!!

Je posai mon sac et me préparai à partir à sa recherche quand une douleur sans nom me déchirai l'esprit. Je hurlai, et je vis tout le monde m'entourer :

Ca va ? Ca va Claire ? Que se passe t'il ? Claire, réponds !
Non ca va ! Poussez vous, s'il vous plait !

Je couru à grandes foulées vers le portail, laissant les mines ébahies de mes camarades et ma professeure furieuse et inquiète. Tant pis : Il y avait urgence là. Kiisary avait des problêmes !!!
Je courus, me fiant à la magie qui faisait palpiter mon sang, et me guidait vers l'ange, bousculant des passants au passage. Je me retrouvai dans une rue malmenée : le gourdon était défonçé, des bâtiments effondrés ou en flammes. Je pressais un enfant à fuir, ma peur grandissant minute par minute. Je ne pensai qu'à retrouver Kiisary. Je l'appellai mentalement, en vain, poussant mon esprit à ses limites pour la trouver malgré son invisibilité. Un souffle puissant me frôla, et je vis quelque chose rentrer dans les vitres d'un immeuble. Je devinai qu'il s'agissait de l'ange, et en me concentrant, je parvint à la voir, grièvement blessée, tentant de se relever. Je vis le démon aussi, menaçant, fonçant vers l'ange à grande vitesse, ses griffes acérées en direction de sa poitrine. Sans réfléchir, j'attrapai le bras de Kiisary, et lui fit éviter l'attaque. Elle me regarda avec fureur, mais je ne lui laissa pas le temps de répondre. Je me concentrai, demandant à la magie un moyen de la sauver. Je sentis une chaleur douce traverser mon coeur, puis mon corps entier. Je vis une lueur blanche m'entourer, et mon énergie filer. Je compris vite quoi faire, et je prononçais tranquillement :

Fais ce que tu dois, Kiisary. Ma vie et mon âme t'appartiennent. Mais fais vite.

Son regard bleu me scrutait avec étonnement, puis elle se décidait et se releva. Sa main se posait sur ma poîtrine. Je sentis quelque chose qui commençait à sortir de moi. Puis l'ange me l'extrayait fermement. Je retint un cris, puis m'effondrais, vidée de mes forces. Je rouvris brêvement les yeux et vis Kiisary tenant une lance magnifique : blanche, à la pointe de diamant, de la nacre entourant l'endroit ou l'ange avait posé ses mains. Des lames d'or entrelacées étaient l'unique ornement de l'arme. Je m'en étonnais, me demandant comment une telle arme avait pu sortir de moi. De la lumière se concentra sur la pointe, Kiisary s'envolait, à nouveau pleine de vigueur. C'était moi maintenant qui étais blessée et épuisée. Un transfert d'énergie...s'était produit apparemment. Mes nouveaux pouvoirs me surprenaient de plus en plus... Je vis le démon hurler de douleur, et son hurlement mis en ruine les batiments restants. J'aurais voulu me boucher les oreilles, mais je ne pouvais pas, et mes tympans vrillèrent par ce cris suraigue. Je vis la lance transpercer la tête du monstre, Kiisary animée par une haine effrayante qui déformait son visage superbe. Je fermais les yeux, ne pouvant plus les maintenir ouverts. Plus la force. Plusieurs minutes paraissant une éternité pour moi passèrent sans que rien n'arrive. Le tintement dans mes oreilles se calmait, mes tremblements aussi. Tout me paraissait n'être qu'un rêve. J'allais forcément me réveiller dans mon lit, tranquille. M'man allait crier pour que je descende, j'allais encore être en retard, galoper pour arriver dix minutes en retard. Je sentis soulevée par quelqu'un. J'ouvris les yeux faiblement, allant protester, quand la voix ferme de Kiisary me frappa :

Ne fais rien. Ne bouges pas d'un cil.
Tu dois être furieuse contre moi, j'immagine...mumurai-je
Un peu, mais sans ton arrivée, je serais morte à cette heure. Mais tu ne m'as pas obéis...mais tu m'as sauvé la vie...
Je n'aurais pas supporté que tu meurre sans que je ne fasse rien...
Je ne suis pas faible, Claire ! Pas comme ces êtres inférieurs que sont les humains ! Je n'avais pas besoin de ton aide !!!
On a tous des faiblesses, Kiisary. Les admettre et les combattre nous rends plus forts...tous...même des "races supérieures" comme vous...

Je détestai ce terme, et voulait le faire comprendre à l'ange. Je ne supportait pas ce mépris et ce rabaissement de l'espèce humaine. Ca me rappellait le passé, avec tous les massacres et les exploitations d'êtres vivants par d'autres qui se disaient de "race supérieure". Je refusai laisser Kiisary m'insulter par ce biais. Je me relevais lentement, des larmes aux yeux. Je tombais. Kiisary voulut me rattraper et me forcer à me rassoir mais je me dégageais de sa poigne, m'éloignant et boitant sous ses yeux surpris :
Tant que tu restera dans cette idée de races supérieures, je ne veux plus te voir. Adieu, ange.
J'avançais lentement, sans regarder derrière moi. Son comportement m'agaçait au plus haut point, et elle ne faisait aucun progrés malgré mes nombreux efforts. Mes blessures se refermaient sous mes yeux, sous l'action du sang bleu. Mais je m'inquiètais brusquement, me rapellant un vieux cours de Sciences : un sang bleu est non oxygéné et donc ne fournis pas de nutriments aux muscles. Je ne comprenais pas pourquoi je restai en vie. Puis je repensais aux paroles de l'ange, et la maudis brusquement de m'avoir supprimé une part de mon humanité. J'avais envie de lui mettre une paire de gifles pour changer ses idées. J'étais en colère contre Kiisary. Si colérique que je vis pas une ombre menacante apparaitre derrière moi. Puis je sentais une main glaciale et dure m'attraper par le cou et me soulever. Je vis la face immonde d'un démon. Ses dents acérées et son haleine fétide me donnèrent des frissons. Il parla avec sa voix désagréable :

Te voilà, petite humaine. Mon chef donnerait cher pour te tuer de ses mains...surtout si l'ange n'est pas là pour te protéger...
J'ai pas besoin d'elle...Je peux me débrouiller seule...

J'essayai de me dégager sans réussir. Il en riait méchamment :

C'est ce que tu dis...mais tu ne fais pas le poids ! Peut être servira tu dans nos études ou en nourriture pour notre roi...
Je n'ai pas envie ni d'aller dans l'assiette de votre monstre de chef, ni de servir de cobaye !!!
On dirait que tu ne vas pas avoir le choix...nous y allons.
Mais ! Mais ? Où ? Demandai je les yeux ecarquillés par la peur. Où ?
Dans un autre monde. Notre monde et celui des anges. Tu nous sera très utile, comme sujet d'étude...
Je ne veux pas ! Lâchez moi ! Lâchez moi !!!

Il restait sourd à mes cris et à mes coups de pied et de poing. Je pleurai de peur, je me débattais de toutes mes forces, cherchais la magie sans la trouver. Puis, en désespoir de cause, voyant une brèche s'ouvrir dans l'espace, je hurlais à plein poumons, espèrant que quelqu'un m'entenderait. L'ouverture était presque prête quand j'entendis une réponse très inquiète :

Claire ? Claire ! Où est tu ? Réponds !!!

Je reconnu la voix de Kiisary. L'ange apparut au coin d'une rue, et je la vis blêmir légèrement en voyant ma situation précaire. Je la sentis en colère, mais à mon étonnement, ce n'était pas contre moi. Ses mains tremblaient de rage, et ce fut d'une voix terrifiante qu'elle prononça :

Laisse là tranquille ! Tu m'entends ? Laisse la tranquille ! C'est moi ton adversaire, pas elle !!!
Un ange qui prends la défense d'un humain ? Voilà un fait peu commun. C'est indigne à ton rang, Exmafina Kiisary...
Qu'importe ! Lâche la ! Je te l'ordonne ! Sinon...

Elle ressortit de nulle part son ancienne lance, et je vis une aura inquiètante se former autour de la pointe :

Je te transpercerai sans hésitations ! Je ne te laisserais l'emmener avec toi !!!

Le démon riait, et lui lança une boule d'ombre gigantesque. L'ange l'esquivait de justesse, et se préparait à riposter quand elle vit que son ennemi avait presque franchi la porte, tout en riant. Je vis le visage de Kiisary déformé par la rage et l'impuissance. Elle eut le temps de me crier :

Je te sauverai Claire ! Attends moi, Je te tirerai de là ! Je te le promets ! Je te vengerais !
Là, j'étais inquiète. La porte se refermait sur nous tandis que l'ange essayait de nous rattraper, sans succès. La contrée dans laquelle nous avions atteri était d'un sol rocailleux, de sable noir. La chaleur était suffocante, et le vent violent protégeait une sorte de donjon. Le démon prononça quelques mots qui m'étaient inconnus. On rentra dans cette étrange bâtisse, et je fus horrifiée : il y avait des centaines de démons comme mon ravisseur, voire pires que lui. Ils me regardaient comme un objet, et je me sentais humiliée, ainsi ballotée par ce fichu démon. Il y eu une salle, que je devinai salle de trône, richement ornée. Trop ornée d'ailleurs. Il me jeta à terre sans merçi, et je refermai mes bras sur ma sacoche d'ordinateur, le protégeant de la chute. C'était un de mes biens les plus précieux pour moi. J'entendis une voix terrible s'exclamer :

Que m'as tu ramené là, Karnd ? Une simple mortelle au lieu du noble ange que je t'avais demandé ?

Je levai les yeux vers sa provenance, et vit un horrible démon d'une vingtaine de mètres, plus terrifiant et qui dégageait une odeur putride de sang et de mort dans ses alentours. Il me toisait :

Je t'impressionne, mortelle ?
Mon nom est Claire, et vous ne me faites pas peur ! Prononçai-je, essayant de paraitre brave, je songeai juste que vous devriez vous laver ou vous parfumer de temps en temps, cette odeur est désagréable !
Du caractère...Karnd, dis moi pourquoi l'as tu emmené ?
Seigneur Oméri, elle a la bénédiction des anges. Kiisary, la gardienne...
Je comprends, elle est devenue le sceau ? Mais pourquoi...

Il me regardait attentivement. Moi je ne comprenai pas ce qui se passait : bénédiction ? Kiisary la gardienne de quoi ? Quel sceau ? De quoi parlaient-ils ? Je les regardai fixement tandis que Oméri reprit :

Met la dans le cachot : on l'étudiera demain.
Avec l'autre prisonnier ?
Si tu veux : cela lui fera de la compagnie.

On me jeta sans merci dans une cellule froide, nue et obscure. Je pestai contre mes geoliers, quand une voix tranquille me fit remarquer :

Ca ne sert à rien, ce sont de vrais murs.

Je me retournai, et vis un ange masculin, à l'allure noble, aux cheveux blonds cendrés coupés court, aux yeux bleus limpides, et très grand. Ses vêtements indicaient qu'il devait occuper une place importante chez les anges. Je repliquai avec calme :

Je ne sais même pas pourquoi ils m'ont enlevée ! Peut être que Kiisary...
Attends ! M'interrompit l'ange, tu as bien dit Kiisary ? La gardienne ?
Oui et alors ? Et gardienne de quoi à la fin ?
Je n'ai pas le droit de te le dire. C'est confidentiel.

Je m'énerva avec brusquerie :

Ecoutez ! Si je suis dans ce pétrain, c'est de sa faute ! Elle aurait dû me laisser mourir au lieu de...
Tu est donc la porteuse du sceau ? C'est différent en ce cas. Veux tu vraiment savoir la vérité ?
Oui. Dîtes moi tout. Je veux savoir ce qui menace Kiisary et moi, et ce qui se passe ici !
L'ange s'installa plus confortablement, puis parla :

C'est un sceau très puissant que tu portes, également très dangereux. Kiisary devait veiller sur ce pouvoir, mais à cause des circonstances...La bonne nouvelle, c'est que tu es en vie avec. La mauvaise...
C'est quoi ?
C'est que...ce pouvoir ancien risque de ronger ton âme au fur et à mesure. Quand cela arrivera, tu perdras ton esprit et ton aspect humain, devenant un être immatériel et agressif contre tout le monde. Et Kiisary devra te tuer, de ses propres mains.

J'aurai préféré ne pas savoir la vérité, en fait...Quoi ! Kiisary m'aurait transformée en....monste à retardement ? Mais sans le savoir ni le vouloir...Je demanda gravement :

Et y a t'il un moyen pour y remédier ?
Un seul : avant la prochaine pleine lune, Kiisary devra sceller elle-même ce pouvoir hors de toi, ou en toi, mais alors très profondément dans ton âme, le rendant définitivement inactif.
Et c'est quand la date limite ?
Dans exactement 40 jours, 23 heures, 59 minutes et 57 secondes

Les anges et leur manie d'exactitude...c'est vaiment agaçant à force. L'ange reprit d'un ton plus cordial :

Quel est ton nom ?
Claire Jary. Pourquoi ?

L'ange parut interdit en entendant le terme "Jary", puis reprit son air calme :

Alors tu es sa fille...Yvan t'as cherchée partout, quand il a su ce qu'il t'est arrivé.
Comment connaissez vous mon père ?
Je suis le Grand Conseiller des anges, Shelwyn. Un ami de confiance de ton père. Ton père était en quelque sorte "mon épée". Tu comprends ?
Oui. Si on pense de cette manière, je suis "la lance" de Kiisary, c'est cela ?
Exact. Ton père et moi étions respectés. Mais, lors d'une mission, nous avons été séparés. Ton père a été entrainé dans votre monde, et l'on m'a capturé ici. Cela remonte à trois mois. Il te cherchait. Quand il a su qu'un démon avait voulu te tuer, il était fou-furieux, et m'a exigé de tuer ce démon pour te venger. Je l'ai fais. Depuis, il n'avait de cesse de vouloir te protéger...

Un courant d'air venu de nulle part gifla mon visage, et une carte s'envola de ma poche. L'ange l'attrapa au vol, et d'apprêtait à me la rendre, car il s'appercut de quelque chose, et me lança :

Viens voir, fille de Yvan. Tu cherchais ton père ?
Oui, et alors ? Demandai-je, avant de rajouter, oh, cette carte ! C'est le médecin qui m'a recu aux urgences qui me l'a donnée. Je lui avais promis de donner des nouvelles en échange de son secret sur mon sang bleu. Je crois que c'est raté...

L'ange était amusé, et ajouta à ma grande surprise :

Et bien, on dirait que père et fille se sont croisés sans se reconnaitre...vous les humains êtes vraiment incroyables...
C'est pas mon père ! Répliquai-je, c'est un certain Dimitri Chase que je ne connais même pas !
C'est un faux nom de ton père... Quoi qu'il en soit, nous devons revenir dans ton monde ?
Et comment comptez-vous sortir ? Je vous rapelle qu'on est dans une forteresse !!!
L'ange se concentra, je vis une aura d'un blanc pur se former autour de ses mains, et il me saisit brusquement en me murmurant :

Tu devrais t'accrocher, cela risque de secouer.

Je sentit que mon corps disparaissait, je criai et essayait de m'échapper en me débattant, mais Shelwyn me tenait fermement. La lumière était trop vive, je fermai les yeux. Lorsque je les rouvrit, je remarquai qu'on était revenu dans le vrai monde, le mien. Mais je vis que je dominai les nuées, et les immeubles. Sujette au vertige, je paniqua. Mais l'on me tenait fermement. Je levai les yeux : l'ange volait tout en me portant :

Je vais te déposer à l'abris. Les démons ont commencer leur attaque. Je dois rejoindre les miens.
Je comprends....ahhhh !!!

Shelwyn m'avait lâchée, une boule de feu avait carbonisé le bout d'une de ses ailes. Il jeta un regard inquiet mais impuissant en me voyant tomber dans le vide, tandis qu'un démon se jetait sur lui. Je hurlai, tombant à une vitesse vertigineuse vers le sol, sans aucune possibilité de ralentissement ou de rattrapage. Quelque chose mit fin à ma chute., et une voix masculine mais douce surgit :

C'est bon, ne t'inquiètes pas, c'est fini.

Je rouvrais les yeux : un jeune ange aux cheveux bruns, aux yeux semblables aux rubis et aux ailes d'un rouge éclatant me tenait dans ses bras, et allait doucement vers le sol. Il reprit, d'un ton rasurrant :

Je suis Ael, un ange-fantassin. Je suis de ton côté.

Je restai silencieuse, tout en l'observant d'un regard surpris : j'avais toujours lu que les anges étaient beaux, mais jamais je n'aurai imaginé à ce point là. C'est de l'infidélité à Chris, et cela me rendit un peu gênée. Je reprit de l'assurance, et regarda autour de moi : c'était la guerre : des anges par çi, des démons par là...mais aucun humain. Tous semblaient avoir désertés. Face à ma surprise, le dénommé Ael m'expliqua :

Cela fait quatre ans que l'on se bat ici. Ne t'étonnes pas, le temps dans notre monde et le votre ne s'écoule pas à la même vitesse. Lors de ton passage, tu as changé, et rattrapé les années que tu as perdues lors de ton séjour...

Enfin il me déposa avec délicatesse sur le toit d'un immeuble. Avant qu'il ne reparte, je le remercia timidement :

Merci beaucoup pour votre aide....

Il me regarda un moment, puis sembla hésiter un moment. Enfin il se décida. Il revint vers moi. Je ne bougeais pas, comme hypnotisée par son regard. Le dénommé Ael s'agenouilla légèrement, et pencha sa tête vers moi. Je sentis ses lèvres toucher les miennes. Je rougissais violamment, mais ne me débattais pas. Curieusement, cela ne me dérangeait pas vraiment. Je le regardai avec étonnement, mais il avait fermé ses yeux. Le baiser ne dura qu'un instant, mais c'est comme si une éternité s'était passée. Avant que je puissse lui demander des explications, il s'inclina, glissa quelque chose dans ma poche, et s'envola rejoindre le champ de bataille, me laissant seule, pivoine, et muette de stupéfaction. Je ne savais pas que les anges pouvaient avoir des sentiments d'amitié, mais Kiisary et Shelwyn venaient de me prouver le contraire. Je ne savais pas que les anges pouvaient ressentir de l'amour, surtout envers des êtres "inférieurs" comme les humains. Mais Ael...
Quatre ans s'étaient donc écoulés. Sans m'en rendre compte, j'avais et passé la majorité, inachevé mes études, et atteint mes vingt ans. Chose étrange, mes habits avaient grandis avec moi. C'était plutot pratique. Je descendis à toute vitesse l'escalier défonçé de l'issue de secours, pour me retrouver dans une rue défonçée. Je courut vers ma maison, enfin, ce qu'il en restait : des cendres...je m'affaissa, en pleurant ma mère. Puis je me relevai, et chercha dans le sous-sol. Je la trouvai dans la salle de la machine à laver, un peu plus loin. Elle était grièvement blessée. Je lui murmurait :

Maman...debout maman !

Après de légères secousses, elle ouvrit les yeux, et laissa échapper du sang en toussant. Puis me fixait de ses yeux brillants de larmes :

Claire...ma fille...enfin je te retrouves...
Un médecin !!! hurlai-je, il faut un médecin !
C'est trop tard pour moi, ma chérie...Je t'aime...ma beauté...

Elle s'affaissa dans mes bras. Je resta un moment immobile, serrant ma mère contre ma poitrine. Malgré mes cris, personne ne venait. Le toit fragile s'effondrait sur moi. Je fermai les yeux, mais un bouclier blanc me recouvrit tandis qu'une voix féminine surgissait :

Claire !!!

Avec mes yeux embués de larmes, je vit la silhouette floue et lumineuse de Kiisary, mon amie ange. Elle comprit la situationn et me saisit les épaules d'un geste consolant, me poussant à lâcher le corps de ma mère. De sa voix suave, elle me disait :

Je comprends ta peine, Claire, mais tu ne peux plus l'aider.

Sa main me força à relever la tête, et elle poursuivit :

Pour toi, je vais anéantir le sceau. Le désires-tu ?
Oui. Au moins je rejoindrai ma mère. Fais le, Kiisary.

Elle hocha la tête avec gravité, et recula de quelques pas. Puis elle chanta des vers qui m'étaient inconnus. Un jet de lumière m'entoura. Sa voix de soprano, douce, puissante et cristalline à la fois retentissait de nouveau. Hélas, je sentais le pouvoir s'agripper à moi, et prendre le dessus. Je hurlai, saisissant ma tête entre mes mains, dans ma souffrance. La dernière chose que je vis, c'était Kiisary renforçant son chant, rejointe par le majestueux Shelwyn, lui même accompagné de...du docteur Chase ! Puis je me souvint des paroles de l'ange : c'était mon père. Je lui décocha un faible sourire, puis la vague noire m'engloutissait...Mon corps se détruisait, je devenais un ectoplasme, ou quelque chose comme cela. Mais je ne pouvais enrayer le processus. Je ne maitrisait plus rien. Le sang bleu chauffait, brûlait mon enveloppe charnelle de l'intérieur. Kiisary avait échoué. Les démons avaient réussis leur coup. Je devenais un monstre. J'étais vraiment née sous une mauvaise étoile...et voilà que mes pensées dérivaient ! A travers les yeux de la créature, je vis Kiisary faire apparaitre sa lance, mon père devenir l'arme de Shelwyn...enfin ils se décidaient à attaquer. Je ne demandais que cela, à vrai dire. Tout se passait si vite. La créature translucide et aforme attaquait sans cesse mes amis. Que pouvais-je faire ? Croiser les bras alors que ceux qui me sont chers se font tués ? Non. Je devais faire quelque chose. Je me concentra, et bloqua les mouvements de la créature, hurlant de me tuer, d'en profiter. Tous hésitaient. Mais Kiisary se décida, et planta sa lance dans "ma" poitrine.

Merci Kiisary, lui murmurai-je, Tu es vraiment une amie. Merci pour tout. Adieu.
Je vis des larmes couler sur les joues de l'ange. Je m'en étonnai : c'est bien la première fois que la voyais pleurer. Pourquoi, Kiisary ? Pourquoi pleurais tu ? Elle retira de sa main tremblante sa lance. Je m'effondrai...enfin j'allais là où j'aurais du être de puis longtemps : les terres de la Mort...
Je revis cette lumière, ce tunnel sans fini, et y allais l'âme sereine. Je revis les meilleurs et les pires moments de ma vie. Courte, certes, mais mouvementée ! Puis je sentis que quelqu'un m'avait soulevée. Je rouvrais les yeux. Tout était blanc. Comme la première fois. J'avais repris mon apparence. Le pouvoir maléfique m'avait quitté. Quelqu'un me dominait : Ael...Pourquoi lui refuser ce qu'il cherchait, alors que j'étais sur le pont de mourir ? Pourquoi renier ces sentiments plus beaux encore que ceux que j'avaient ressentis pour Chris...Puis mes vêtements se désintégraient. J'étais nue, et un peu gênée. Mais en même temps attirée vers l'ange. Lui n'hésita pas. Ael me prit dans ses bras. Je lui murmurais :

As tu conscience que tu tiens un monstre ?
Tu ne l'es pas, disait-il en carressant mes cheveux, tu ne l'es plus. La pureté de ton âme est revenue.
Où sommes nous ?
Quelque part, dans une dimension oubliée de tous, connue de moi seul.

Il approcha ses lèvres, en murmurant :

Je veux partager ta souffrance. Laisse moi te soutenir.
Pourquoi veux-tu prendre de ce poison ? Il te corromperait !
Non. Et tu sais pourquoi ?

Je restais silencieuse. Il finissa :

Parce que tu es là.

Il m'embrassa. C'était une étrange sensation. La chaleur montait dans mon corps. Moi qui avait eu si froid ces dernières heures...Les chaînes qui liaient mon coeur volèrent en éclats. Je le regardais : les anges pouvaient aimer les humains...Puis il reculait de quelques pas. Il était nu. Ael m'allongea. Je me laissa faire. Puis vint à mes côtés. Il murmurait en caressant mon corps :

Je t'ai désirée depuis longtemps...Je ne veux pas que tu partes. On sera ensemble pour toujours. Loin d'ici. Tu es peut-être une humaine, mais qu'importe...je t'aime.

Je ne pouvait articuler aucun mot. L'amour volait dans ce lieu. Nous étions chair contre chair. Je me laissais faire, tout en l'observant. Puis je lui fis signe que j'étais prête. Avec une extrème douceur, il s'allongea sur moi, et nous ne fimes plus qu'un. C'était vraiment une sensation étrange. Mes lèvres venaient d'elles même à la rencontre des siennes. Des convulsions parcouraient mon corps, en rythme avec cette chose qui bougeaient dans mon ventre. Ses ailes perdaient leur éclat flamboyant, et devenaient d'un noir de jais. Ses cheveux s'assombrissaient, mais ses yeux restaient les mêmes. Puis tout s'arrêta. Nous restâmes enlacés, jusqu'à la fin. Jusqu'au moment où je sentis que mon esprit allait s'envoler. Mais, à ce moment, je sentis que je quittai mon corps. Que je me dédoublais. Je fermai les yeux. En les rouvrant, Ael me tenait toujours. Habillé de nouveau, dans une armure légère noire, surmontée d'une cape noire lui sciant à merveille.Voyant que je m'étais éveillée, il me disait :

Regarde.

On étais sur une vallée dominant toutes les autres, des torrents jaillisant ici et là. Le soleil et les rares nuages donnaient un éclat unique à ce paysage. Je le fixai à nouveau sans comprendre. Où...
Il m'aida à m'asseoir, et attrapa une plume blanche qui volait dans la brise. Curieuse, je lui demandait :

Quel oiseau ? Une colombe ?

Il ne répondit pas, mais prit ma main et me la dirigea doucement vers mon dos. Je touchai des plumes, douces et chaudes...puis, très surprise, je remarquai que des ailes avaient poussées dans mon dos. Des ailes blanches. Je l'interrogeai du regard, et il me répondit :

J'ai prit une part du mal qui était en toi, et notre union t'as donné une seconde vie.
Mais que deviendrons-nous, alors ?

Il se rapprocha de moi, et me prit dans ses bras :

Nous ne retournerons plus vers ces mondes d'intolérance. Restons ici, si tu le veux bien. Nous y fonderons une terre d'accueil et de tolérance envers tous.
D'accord, mais Kiisary, Shelwyn et mon père vont me manquer...
Tu pourras les revoir si tu veux. J'ai confiance en ces trois là, ils nous rejoindrons en temps voulu....

Cinq années passèrent, en compagnie d'Ael. Nous avions bâtis notre demeure sur les hauteurs d'une montagne. Mon mari m'avait fait oublié mes années d'humaine, mais me respectait comme telle. Nous avions trois enfants, deux garçons jumeaux, Kaan et Raji, et une fille, Aileen. Nous vivions heureux, ainsi qu'une famille unie. Je n'avais pas manqué d'avouer mes origines à mes enfants, et de leur parler de tolérance entre peuples, sans leur cacher quoi que ce soit. J'attendais un quatrième enfant, d'ailleurs. Nous n'étions pas les seuls vivants en ce monde, il y avait des elfes, des nains, quelques anges, des humains, mais tous ces peuples vivaient en harmonie entre eux, et nous avaient chaleureusement acceuillis. Un jour, alors que j'étais sur ma chaise dehors, jouant avec Aileen, âgée de trois ans, Ael vint m'annoncer :

Nous avons des visiteurs. Je les fait entrer ?
Bien sûr. Je vais les acceuillir de ce pas...
Non, toi, tu restes allongée là, et tu te repose.
Ah oui, c'est vrai...bon, c'est comme tu le veux.

La naissance du bébé était pour bientôt, et Ael voulait que je fasse le moins d'efforts possible. Il m'embrassait, puis fit rentrer les invités. A ma grande joie, je reconnu Kiisary, Shelwyn et mon père. Après les formalités d'usage, je m'empressai de les interroger :

Que me vaut cette heureuse surprise ?
On était sans nouvelles de vous deux depuis ce terrible jour...avouai Kiisary, mais je vois que cela n'a pas loupé. Tu avais raison, Shelwyn.
A propose de quoi ?

Mon père souria et répondit avec douceur :

Shelwyn peut voir les futurs des personnes. Il a très vite su que vous deux finiriez ensemble, brisant l'isolement entre les peuples.
Nous comptons rester quelques temps, disait Shelwyn, à moins que cela dérange ?
Pas du tout, et ce n'est pas la place qui manque ! M'exclamai-je, et Ael était d'accord avec moi.

Ils s'installèrent. Kiisary me poussa à écrire mon histoire, ce que je fit. Je m'appellai Claire Jary...
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Chroniques des anges (entier)

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